Mathias Allély est tombé dans la photographie, tout petit.
Avec des parents qui pratiquaient cet art, la salle de bain familiale se
transformant parfois en labo photo. C’est également en famille qu’il a
ensuite fréquenté le club-photo de La Chapelle St Mesmin.

Non que Mathias n’ait pas de mérite, de don, mais c’est un
apprentissage de l’art du voir et du sentir qui date de toujours,
de tout petit, captant ici et là, à Arles ou dans les livres de
Cartier-Bresson, des images, des regards, des arts de faire.

Mathias Allély a étudié le design à Olivier de Serres, à Paris :
une formation où les arts, tels la peinture, le modelage, le dessin
affinent le regard pour comprendre la forme, le modelé, la texture.

Bien sûr la photographie était toujours là, le week-end,
juste à portée de main, pour dire les choses autrement
que par la technique, la mise en page ou les mots.

Ainsi parallèlement au regard, le geste s’est affirmé.
Pas celui d’appuyer frénétiquement sur le déclencheur
ou de régler le focus d'un zoom : il ne travaille, à l’époque,
qu’au 50 mm, histoire de ne pas trahir le regard, le moment.
Et dans le labo, le geste de chimiste qui vérifie les temps et les
températures, calcule ses bandes d’essai, cherche les bons réglages
et réajuste ses filtres pour ajuster et interpréter les contrastes.

C‘est tout naturellement, des années plus tard, qu’il a
rencontré Jean-Claude Dal Cin qui l’a initié au Zone Système :
la maîtrise de l’espace lumière, de l’appareil et de la technique.
C’est à cette période que le travail expérimental à la chambre
a commencé, allié à un développement ultra rigoureux.

Il est tantôt dans le labo, tantôt devant l’écran,
car l’ordinateur ouvre un champ formidable,
dans l’archivage, le traitement des rendus,
un autre outil venant aux côtés des plus traditionnels.

C’est un va-et-vient, une recherche permanente du faire,
du faire-voir autrement ce qu’il y a là, sous nos yeux.

C’est ainsi que pour son dernier travail sur les "Portraits potagers",
il a œuvré à mettre en scène le geste graphique à l’encre de chine
(touchant peut-être plus les illustrateurs que les photographes),
la prise de vue alliant lumières naturelle et artificielle,
et le sujet, nature, dans toute sa splendeur végétale.

Mathias voit ce qui est singulier et universel à la fois :
ce qui mérite de sortir de l’ombre, un juste dosage
où la couleur se joue du noir et blanc.

Car c’est un coloriste dans l’ombre de la lumière.

Un faiseur d’images qui vous regarde droit dans les yeux
et vous ouvre aux beautés simples du monde.